jeudi 17 avril 2014

Le monde est à moi ! Temporairement du moins.

Le monde est à moi ! Temporairement du moins.

           
          Mes bras se contractèrent sous l’effort accompli. Je fus tentée, un instant de regarder en bas, mais je savais que, si je le faisais, ma détermination allait faiblir. Ou même pire, disparaître. Ce qui aurait pour effet de me clouer sur les branches fines d’un épicéa à, a peu près, 6 mètres du sol ; ce ne serait vraiment pas très malin-malin. Je secouai la tête. Il fallait que je me concentre d’avantage sur l’escalade de cet arbre. Mes pieds se levèrent doucement, et cherchèrent des prises à l’aveuglette. Mes bras tremblaient sous l’effort, essayant, prenant au plus profond de mon être, la force de soutenir mon poids le temps voulu. Bientôt, mes orteils rencontrèrent une aspérité du tronc. Je m’y calai et, me donnant une impulsion aussi dynamique que je pouvais, attrapai, avec le plat de mes mains, la section qui faisait office de sommet.
         Mon regard embrassa le paysage qui se profilait à l’horizon. Des champs, tous séparés par des petites haies de végétaux. On pouvait apercevoir quelques habitations çà et là, comme des copeaux de chocolats sur une pièce montée. Le soleil, dépassant à peine une petite colline, donnait à ce paysage une irréalité berçante. Mon cœur s’accéléra. Je levai les mains, cherchant à me stabiliser et, poussai un long cri, reflétant tout mon bonheur  d’être là, dominant la profonde campagne anglaise. Une joie profonde, sauvage s’ancrait en moi. Elle me donnait l’impression d’être à tout jamais heureuse, de pouvoir réaliser des millions de choses, seulement en regardant le soleil se coucher. Un vent chaud fit danser mes boucles auburn devant mes yeux.
« Katyyy ! »
Cet appel me tira de mes rêveries. Je pouvais distinguer au loin, la silhouette de ma mère, me faisant de larges signes avec les bras. Un soupir m’échappa. Il était temps de rejoindre le monde des vivants. Avec  de petits mouvements souples, je descendis en peu de temps l’épicéa. Mes pieds nus frémirent un instant sur le tapis d’aiguilles, mais s’habituèrent rapidement. Dans de grandes enjambées, je franchis le mur de branchages et, continuai mon sprint dans l’herbe fraiche du soir, écrasant à l’occasion quelques fleurs de fin d’été. Ma course me mena dans la cuisine fraiche d’une maison en pierre.  Ma mère, une femme aux cheveux noirs striés de blanc et à la petite taille, faisait la cuisine. Je jetai un œil au calendrier. Demain, la rentrée dans mon collège. Il fallait avouer que le stress était déjà en moi ; un étau me broyait le ventre.
Le dîner se passa bien, et je montai rapidement dans ma chambre après la fin du repas. Je poussai la porte tapissée d’affiches pour me retrouver face au capharnaüm de la pièce. Des livres gisaient un peu partout par terre, sur le bureau ou encore sur le lit, partout où il avait de la place. Les derniers rayons de soleil s’accrochaient au papier peint rouge foncé. La fenêtre ouverte laissait pénétrer une brise légère qui faisait s’envoler les feuilles de papiers trainants sur le mobilier. Un uniforme plié déposé par ma mère reposait sur mon lit défait. Le désespoir me gagna. Le lendemain me terrifiait. Je n’avais pas quitté ma bande dans de bonnes circonstances et, comble de tout, je passais en cinquième. Mes parents m’avaient bien assez sermonné sur l’importance de cette classe où, commençait l’orientation professionnelle. Je ne savais pas ce que je voulais faire. Absolument pas.
Après avoir passé en revue mon Eastpeack pour m’assurer que je n’avais rien oublié, je saisis mon pyjama et gagna la salle de bain. Je me lavai les dents aussi vite que possible et me fit une tresse.  Mon reflet attira mon regard, et je me détaillai automatiquement. Ma longue masse de boucles auburn cascadait sur mes épaules, entourant mon visage plutôt rond parsemé de minces tâches de rousseur. De longs cils encadraient mes yeux verts, et des lèvres rouges me faisaient une moue. Des courbes commençaient à se dessiner, ce qui n’était déjà pas mal pour mes 12 ans et demi. Une chaîne pendait à mon cou, avec, comme pendentif les contours d’une colombe. Une cicatrice barrait mon arcade sourcilière, souvenir d’une escalade un peu trop audacieuse pour les moyens que j’avais.

Après avoir passé mon short et un tee-shirt large bleu foncé, je fonçai dans ma chambre, et m’enfonça dans ma couette, dans l’espoir de m’endormir comme une pierre. Mais, les émotions et les pensées se bousculaient dans ma tête. Des visages, des projets. Tout y passait. Et, comme le temps paraissait s’être arrêté, je me mis en position fœtale, pour mieux réfléchir. J’essayai à imaginer ce que je serais plus tard. Peut-être serais-je une femme de pouvoir, dirigeant une entreprise, grande bien entendu, d’une main de fer. Ou alors serais-je une artiste vivant de son talent ? Aviatrice ? Game designer ? Tout les métiers vinrent par milliers. M’imaginant faire tel ou tel métier me berça et, sans me rendre compte, je sombrai dans un sommeil qui passa d’une traite.

2 commentaires:

  1. Jeaaaanne, j'adore*.* sérieux, c'est Génialissime ! ♥♪♥♥♥
    Et il y a un grand 1 en haut, donc t'aura t-il un grand 2? :D♥♪♥♥

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  2. En fait ; ça me mènera à rien... ♥♥♥♥♥♥♥

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